Elimination Sauvage

Publié le par Raymond Lévy

La semaine dernière, l'assemblée générale de la LEFFE fut suivie d'une "discussion informelle" : ce terme de la langue de bois signifie en français courant "réunion au bistrot du coin", ce qui explique que nous vîmes les adhérents arriver aux tables voisines, et entendîmes leurs propos. La LEFFE, c'est si j'ai bien compris la Ligue pour l'Elimination des Fonctionnaires du Fisc et des Enarques. Son assemblée générale est calée tout à fait à propos sur l'arrivée des "feuilles d'impôt", qui sont les toutes premières feuilles d'automne, car elles tombent en été. J'ai cru comprendre que la procédure de déclaration d'utilité publique de "La Leffe" était entamée, mais qu'on redoutait que ce ne soit pas de la petite bière.....

Les conversations vinrent à tomber (comme les feuilles...) sur l'affaire Jacqueline Sauvage. Cette personne est condamnée pour avoir tué son mari d'un coup de fusil dans le dos pendant son sommeil. Elle est en prison et sa demande de libération conditionnelle vient d'être rejetée. Comme elle a, semble-t-il, été victime de nombreuses violences conjugales, ses défenseurs et ses soutiens ont élaboré en sa faveur une théorie originale : celle de "la légitime défense différée". Les juristes et les personnes de bon sens savent que la principale condition de la légitime défense est la nécessité de faire face à une agression ou à un danger immédiat, ce qui ne s'applique pas vraiment au fait de tuer quelqu'un dans son sommeil. On a donc professé que ce meurtre, voire cet assassinat, répondait à la nécessité pour J. Sauvage de se protéger contre la réitération future des violences. Ce qui relève plus de l'élimination sauvage que de la défense. On m'a demandé comment dénommer cette "légitime défense différée" : je n'ai trouvé que le terme de "vengeance". On nous explique que tuer son mari fut, pour cette épouse, "un acte libérateur". Un acte libérateur qui envoie son auteur en prison, c'est un oxymore (c'est à dire l'adjonction de deux termes contraires) assez original.

Un participant au caractère entier (entier grâce au versement de son dernier tiers ?) après quelques demis, a stigmatisé Al Capone et Al Zheimer, deux gangsters américains trop célèbres, et s'est avisé subitement que son instituteur, des dizaines d'années auparavant, lui avait jeté un regard mauvais et infligé une mauvaise note injustifiée, et réalisa qu'il se sentait traumatisé et qu'il devait punir férocement l'auteur de cette injustice. Heureusement pour l'enseignant victime de cette vindicte, il était déjà mort, ce qui lui a certainement sauvé la vie.

Publié dans Humour

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