Débrancher Bruxelles.

Publié le par Raymond Lévy

Derniers secours

Les récentes réactions et absences de réactions à la décision référendaire britannique de quitter l'Union Européenne dans laquelle elle ne se reconnaît plus ne manquent pas d'enseignements. Nous constatons que les dirigeants de Buxelles, comme d'ailleurs ceux de Paris, étaient tellement sûrs que les Britanniques (ni les autres) n'oseraient jamais décider de se séparer des dictateurs européens et se rebeller contre les idées imposées de l'irréversibilité de leur domination, qu'ils n'avaient jamais envisagé l'événement qui s'est produit et n'avaient rien prévu.

Aucune mesure, aucune proposition, aucune prévision des modalités ni du calendrier du retrait britannique et de l'adaptation du continent européen à la situation qui en résultera. Selon la formule bien connue, il n'existait pas de "plan B". Que monsieur Hollande parte d'urgence gémir dans les jupes de madame Merkel, nous n'attendions rien de plus de lui. Gouverner, c'est prévoir. Nous en concluons inévitablement que ni la France ni l'Europe n'ont de gouvernants. Ce qui n'est pas dramatique : souvenons-nous que la Belgique a survécu pendant plus d'un an à l'absence de tout gouvernement investi. Simplement, il faut constater cette carence, et en tirer les conséquences.

L'ébahissement, la stupéfaction, la paralysie d'hommes (et femmes) politiques hébétés qui n'ont pensé qu'à "punir" le Royaume Uni de son départ ou préparer un reniement du vote populaire donnent la mesure de leur nullité, et montrent qu'on peut se passer d'eux, voire qu'on a intérêt à se passer d'eux.

Passons des vaincus aux vainqueurs. Ce n'est guère plus réconfortant. Le pitre Boris Johnson a reculé devant la perspective de devenir premier ministre et gérer la sortie du Royaume Uni de l'Europe. Mais on se doutait que le personnage était creux. Plus surprenant se révèle Nigel Farage, le leader de l'U.K.I.P. Ce sigle signifie "United Kingdom Independance Party", c'est à dire Parti pour l'Indépendance du Royaume Uni. Il a annoncé qu'il quitte la direction de ce parti.

Pour lui, pas de constat d'échec, bien au contraire : il justifie son départ en considérant qu'il a rempli sa mission, et accompli son rêve. C'est assez vrai, et nous pouvons le comprendre. Mais cette réussite, il ne veut pas la parachever en entrant au gouvernement et en gérant cette sortie tant souhaitée. Admettons, même si cela déçoit. Ce qui nous paraît manquer un peu de dignité, c'est qu'il ne se démet pas de son mandat de député européen, alors qu'il pourrait considérer raisonnablement que ledit Parlement ne concerne plus son pays. Le commissaire européen de nationalité britannique en a tiré plus dignement les conséquences, en se démettant de ses fonctions, selon une information si brève et si discrète que je finis par douter de l'avoir vue, et que je suis obligé d'aller sur Google pour découvrir qu'il s'appelle Jonathan Hill et que Libération a confirmé cette démission, avec une précision renversante : Claude Juncker se dirait disposé à reprendre un commissaire britannique......mais pour représenter qui ? Le cours de la livre Sterling plonge à la suite du Brexit. Les financiers, les journalistes et les bookmakers ont été pris à contrepied de leurs prévisions et de leurs espoirs. Tant pis pour eux. iIs sont catastrophés ? Tant pis pour eux. Ils nous sont indifférents.

Leur catastrophisme, leur anéantissement, contrastent avec le calme et le sang-froid des peuples européens, qui, nullement abattus, ne considèrent pas leur intégration dans l'Union Européenne - ce qui est différent d'une participation à une Europe à redéfinir - comme une donnée définitive et inéluctable. Ils ne considèrent plus tous leur retrait de cette machinerie comme une menace effrayante, ni même comme une opération particulièrement difficile. Certains s'y préparent. Monsieur Orban, en Hongrie, proposera à l'automne à ses compatriotes de se prononcer contre la politique migratoire de l'Union européenne, et il est difficile de prévoir moins de 90% de réponses hostiles à cette politique qui résulte de la bêtise allemande d'avoir déclenché une véritable invasion de migrants des pays situés sur les axes du Proche Orient vers l'Allemagne et l'Angleterre.

Abrutis par l'effondrement de leurs dogmes, les dirigeants européens (enfin, ceux qui croient encore être les dirigeants de quelque chose, mais pour cela il leur faudrait être capables de proposer une direction à leurs peuples......) semblent tout aussi incapables de réactions et inopérants que les gouvernants français en 1940. Finalement, il n'y aura pas besoin, face à leur inconsistance, à leur inexistence, de beaucoup de convulsions pour faire mourir leur machinerie.

Il suffira pour nos peuples de débrancher Bruxelles, malade incurable, pour remplacer cette machinerie étouffante par autre chose.

Publié dans International

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